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Blog d'Etude de la Culture Visuelle Moderne
30 mars 2009

Gyakkyou Burai Kaiji : Ultimate Survivor

Gyakkyou Burai Kaiji : Ultimate Survivor

réalisé par Yuzo Sato, d'après le manga de Nobuyuki Fukumoto

Japon : 26 épisodes de 23 minutes - Studio Madhouse - 2007

1755

Histoire:

Kaiji est un gros looser, avec une tête de corbeau et une coupe de cheveux style "mulette", qui passe sa vie à perdre au poker et à crever les pneux de voitures de luxe de son quartier dans le seul but d'apaiser sa constante frustration intérieure, conséquence de sa propre clairvoyance sur son état de loositude avancée. Mais la vie de ce pathétique minable va changer le jour où un yazuka, qui rigole zéro aux blagues à toto, vient lui réclamer de l'argent que notre petit Kaiji n'a évidemment pas. Car en plus d'être un pauvre type, notre héros est aussi un gros niais qui aime bien se faire entuber par le premier péquenot du coin : en effet, malgré son compte en banque aussi vide que ce qui lui sert de cerveau, le bougre s'était porté garant pour un ami à lui, joueur invétéré, qui emprunta une coquette somme à des yakuzas, qui rigolent moyen aux blagues sur les vietnamiens. Evidemment, ce crevard n'a jamais remboursé sa dette et c'est maintenant Kaiji le neuneu qui doit s'en acquitter. Dos au mur, fasse à un ravin sans fond, celui-ci se voit dans l'obligation d'accepter l'étrange proposition que lui fait son tout nouveau copain l'usurier : partir sur une croisière en paquebot (nommée ironiquement "Espoir", en français) où se déroulera un jeu de pari et de hasard dont l'issue pourra soit effacer ses dettes, soit faire de lui un véritable esclave, prisonnier d'un inquiétant enfer sur terre, pour plusieurs années. C'est ainsi que Kaiji embarque sur ce navire démoniaque et se lance dans une aventure pleine d'angoisse, de peur, d'excitation et de larmes... de beaucoup de larmes.

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"Argh, j'suis dans le caca... et de profil je fais encore plus corbac..."

Critique:

On pourrait presque croire, à le lecture de mon synopsis, que je n'ai pas apprécié cet animé... mais c'est tout le contraire ! Gyakkyou Burai Kaiji est une série tout bonnement fantastique et d'une qualité et d'un style bien trop rares dans le paysage actuel de l'animation japonaise. Déjà, vous l'aurez compris à la vue des photos, le character design est totalement hallucinant d'originalité. Certes, c'est le genre de dessins que l'on adore ou que l'on déteste : on est loin des sentiers battus avec ces visages totalement carrés ou triangulaires et ces nez longs et droits comme des règles d'écolier (regardez la face de corbeau de Kaiji). Mais tout cela a au moins le mérite d'être différent des sempiternelles productions habituelles qui raviraient certainement la plupart des raëliens de cette planète (et des autres). A cela se rajoutent : une réalisation de très bonne facture, avec une animation plus que convenable et de très belles couleurs tout au long des 23 épisodes ; une musique toujours parfaitement adaptée aux situations et contribuant énormément à l'ambiance angoissante et stressante véhiculée par la série ; et pour finir, deux superbes génériques qui enrobent merveilleusement bien le tout comme un joli ruban autour d'un gros gâteau (je n'ai pas passé une seule fois celui d'intro : court, beau et accompagné d'une musique punk rythmée et entraînante, il fait partie de mon panthéon des meilleurs génériques d'animés). Au final, d'un point de vue visuel et sonore, tout est là pour vous donner l'envie d'embarquer avec ce misérable Kaiji et de le suivre dans son étonnante galère. 

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"Ouah, en fait tu la kiffes ma série, merci, j'suis trop ému, bouhouhou !"

Mais que se passe-t-il sur ce paquebot de malheur ? Sans trop en dévoiler, on peut dire que Kaiji va devoir faire preuve de courage, d'intelligence, d'une grande force mentale et d'un peu de chance pour se sortir de la situation catastrophique dans laquelle il s'est empêtré tout seul, comme un grand. Il devra aussi faire attention aux autres passagers presque tous aussi paumés que lui, mis à part quelques récidivistes, pour ne pas finir comme un vulgaire esclave (sexuel ?). Toute la série est axée autour des sensations de stress, d'angoisse et de malaise que vivent les participants tout au long de l'histoire. Pour renforcer ce sentiment, on retrouve même souvent l'onomatopée "zawa", signifiant une atmosphère malsaine, apparaître à l'écran et être murmurée par les voix de vieux japonais en plein trip samouraillisant (expression brevetée). Et il faut croire que ça marche, car j'ai rarement autant été happé par l'ambiance d'un animé : je ne compte plus les fois où je sentais les muscles de mon corps tendus comme un slip et où je ne pouvais m'empêcher de remuer inconsciemment sur mon siège pour tenter, tant bien que mal, d'évacuer toute la tension accumulée (dit comme ça, je dois passer pour un mec bizarre un brin pervers). Une fois, devant l'attitude de bâtardise extrême de l'un des personnages, je me suis littéralement mis à hurler devant mon écran comme un demeuré avec le désir démesuré de lancer mon poing en plein dans la face de porc de cet être fictif. Une chose qui ne m'arrive jamais et qui prouve le pouvoir d'immersion de cette génialissime série.

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"Zawa ou zawa pas ?"

"La croisière qui pleure" : c'est ainsi qu'aurait pu s'appeler Gyakkyou Burai Kaiji, dans une traduction française à la AB Production. C'est une chose à savoir, dans cet animé, tout le monde pleure constamment à chaudes larmes, Kaiji le premier. Et quand un homme pleure, il ne fait pas semblant : pour comparaison, les chutes du Niagara font juste office de petite chasse d'eau défectueuse à côté des torrents déversés par notre bien-aimé looser. Bien sûr, les vrais mecs ne pleurent pas pour rien : ils pleurent pour leur vie, ils pleurent pour leur honneur, ils pleurent devant l'injustice de ce monde haineux et ils pleurent surtout, et sans honte, pour leurs camarades tombés. C'est beau, c'est noble, mais dans Gyakkyou Burai Kaiji, comme leur vie est toujours en danger, leur honneur perpétuellement bafoué, l'injustice omniprésente et leurs compagnons d'infortune tombant les uns après les autres comme des grosses mouches débiles (surtout lors de la deuxième partie du "passage de la poutre", diaboliquement sublime), ils se retrouvent du coup à pleurer tout le temps. C'est un détail qui, sincèrement, peut faire sourire, mais ne gâche en rien le plaisir procuré par chaque épisode. Mieux, cela donne encore plus de charme à la série, comme un petit côté rétro ou un léger décalage culturelle plutôt touchant.

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"C'est beau un homme qui pleure, snif."

Pour finir, précisons que Gyakkyou Burai Kaiji est imprégné d'une critique sociale acerbe dénonçant le pouvoir de l'argent, le risque du jeu et la fourberie des vilains usuriers pas beaux qui se délectent du malheur des autres tels des vautours dévorants des cadavres de petiots chiots larmoyants. Parfois très juste (notamment pendant la première partie du "passage de la poutre" avec son "pousser ou être poussé"), parfois plus poussif et mal amené, ce message n'est jamais vraiment écoeurant et s'incère généralement bien à la narration. Mais le propos de Gyakkyou Burai Kaiji n'est pas réellement intellectuel, il est surtout viscéral : nous faire ressentir au plus profond de notre être l'angoisse face à la précarité de notre situation, la peur face à la fragilité de notre existence, le dégoût face à l'égoisme et à la perversité propres au genre humain, et le désespoir mais aussi la force dont nous faisons preuve face à la prise de conscience de notre mort imminente.

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"Haaaaaa, trop d'émotion, bouhouahahahaouhouhihi, snif."

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Commentaires
C
Que vois je mes amis les planeteers?? Un site sur le graphisme moderne et pas de traces de captain planet?? Voila un site qui doit polluer Gaïa assurement! Si seulement Kwame et sa bague de la terre n'était pas mort tué par Chris redfield, j'aurai pu venir moi et mon visuel super bien designé pour rendre l'internet plus écologique!!! damned! tu ne perds rien pour attendre webmaster lubrique!!!
T
Hey en fait à la vue de ta critique, je viens de percuter qu'apparemment cette série réussit ce qu'essaie de faire depuis des années (sans jamais y arriver) la série de nanars SAW <.<, en rapport à la tention, la situation malsaine... Je sais pas, je parle peut être dans le vide ^^ en tout cas, je vais clairement jeter un oeil à ça, c'est vrai que ça a l'air cool :)<br /> HS : sinon j'ai vu Gran Turino et c'est comme d'hab avec Eastwood : un putain de grand film, j'en ai marre que ce mec réussisse toujours aussi parfaitement ses trucs xD comme d'hab, il m'a fait pisser de rire, choqué, chialé, ému... et enfin sourire. Putain de film, putain de mec ! Et putain de bon début de blog, frérôt :)
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