Tengen Toppa Gurren-Lagann
Tengen Toppa Gurren-Lagann
réalisé par Imaishi Hiroyuki
Japon : 27 épisodes de 25 minutes environ (série terminée) - Gainax - 2007
France : 27 épisodes de 25 minutes environ (série en cours) - Beez Entertainment - 2009
Histoire:
"La vie humaine, spectacle répugnant, gisait sur la terre, écrasée sous le poids de la religion, dont la tête surgie des régions célèstes menaçait les mortels de son regard hideux, quand pour la première fois un homme, un Grec, osa la regarder en face, l'affronter enfin. Le prestige des dieux ni la foudre ne l'arrêtèrent, non plus que le ciel de son grondement menaçant, mais son ardeur fut stimulée au point qu'il désira forcer le premier les verrous de la nature. Donc, la vigueur de son esprit triompha, et dehors s'élança, bien loin des remparts enflammés du monde. Il parcourut par la pensée l'univers infini. Vainqueur, il revient nous dire ce qui peut naître ou non, pourquoi enfin est assigné à chaque chose un pouvoir limité, une borne immuable. Ainsi, la religion est soumise à son tour, piétinée, victoire qui nous élève au ciel."
LUCRECE, De rerum natura, Paris, Flammarion, 1997. Livre I - Eloge d'Epicure. p. 57.
Critique:
"Comme le plus petit grain de poussière est solidaire de notre système solaire tout entier, entraîné avec lui dans ce mouvement indivisé de descente qui est la matérialité même, ainsi tous les êtres organisés, du plus humble au plus élevé, depuis les premières origines de la vie jusqu'au temps où nous sommes, et dans tous les lieux comme dans tous les temps, ne font que rendre sensible aux yeux une impulsion unique, inverse du mouvement de la matière et, en elle-même, indivisible. Tous les vivants se tiennent, et tous cèdent à la même formidable poussée. L'animal prend son point d'appui sur la plante, l'homme chevauche sur l'animalité, et l'humanité entière, dans l'espace et dans le temps, est une immense armée qui galope à côté de chacun de nous, en avant et en arrière de nous, dans une charge entraînante capable de culbuter toutes les résistances et de franchir bien des obstacles, même peut-être la mort."
BERGSON, Henri, L'évolution créatrice, Paris, Puf, 2007. Ch. III. p. 271.
"La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou perfection que celle qu'il s'est créée lui-même, indépendamment de l'instinct par sa propre raison. - En effet la nature ne fait rien en vain, et elle n'est pas prodigue dans l'emploi des moyens pour atteindre ses buts. En munissant l'homme de la raison et de la liberté du vouloir qui se fonde sur cette raison, elle indiquait déjà clairement son dessein en ce qui concerne la dotation de l'homme. Il ne devait pas être gouverné par l'instinct, ni secondé et informé par une connaissance innée ; il devait bien plutôt tirer tout de lui-même. Le soin d'inventer ses moyens d'existence, son habillement, sa sécurité et sa défense extérieure (pour lesquelles elle ne lui avait donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement des mains), tous les divertissements qui peuvent rendre la vie agréable, son intelligence, sa sagesse même, et jusqu'à la bonté de son vouloir, devaient être entièrement son oeuvre propre. La nature semble même s'être ici complu à sa plus grande économie, et avoir mesuré sa dotation animale au plus court et au plus juste en fonction des besoins les plus pressants d'une existence à ses débuts ; comme si elle voulait que l'homme, en s'efforçant un jour de sortir de la plus primitive grossièreté pour s'élever à la technique la plus poussée, et (dans la mesure où c'est chose possible sur terre) par là jusqu'à la félicité, en doive porter absolument seul tout le mérite, et n'en être redevable qu'à lui-même ; c'est comme si elle avait attaché plus d'importance chez l'homme à l'estime raisonnable de soi qu'au bien-être. Car le cours des choses humaines est hérissé d'une foule d'épreuves qui attendent l'homme. Il semble bien que la nature n'ait pas eu du tout en vue de lui accorder une vie facile, mais au contraire de l'obliger par ses efforts à s'élever assez haut pour qu'il se rende digne, par sa conduite, de la vie et du bien-être."
KANT, Emmanuel, Opuscules sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1990. Ch. II : Troisième proposition. p. 72-73.
"Efforcez-vous ! Efforcez-vous ! Les êtres vivants doivent se sauver eux-mêmes et le Bouddha ne peut les sauver. Si le Bouddha pouvait sauver les êtres vivants, étant donné que les Bouddhas du passé sont innombrables, tous les êtres vivants auraient déjà été sauvés en totalité. Pourquoi avons-nous vagabondé dans la vie-et-mort jusqu'à aujourd'hui ? Pourquoi ne pouvons-nous pas devenir Bouddha ? Comprenez bien que les êtres vivants doivent se sauver eux-mêmes et que le Bouddha ne peut les sauver. Efforcez-vous ! Efforcez-vous ! Exercez-vous vous-même et ne vous appuyez pas sur le pouvoir du Bouddha qui est autrui."
HOUEI-HAI, L'Eveil subit, Traité sur la Porte d'entrée essentielle de la Voie par l'Eveil subit, suivi de Dialogues du Tch'an, Paris, Albin Michel, 1998. Ch. 42.
"Qu'un génie mystique surgisse ; il entraînera derrière lui une humanité au corps déjà immensément accru, à l'âme par lui transfigurée. Il voudra faire d'elle une espèce nouvelle, ou plutôt la délivrer de la nécessité d'être une espèce : qui dit espèce dit stationnement collectif, et l'existence complète est mobilité dans l'individualité. Le grand souffle de vie qui passa sur notre planète avait poussé l'organisation aussi loin que le permettait une nature à la fois docile et rebelle. On sait que nous désignons par ce dernier mot l'ensemble des complaisances et des résistances que la vie rencontre dans la matière brute, - ensemble que nous traitons, à l'exemple du biologiste, comme si l'on pouvait lui prêter des intentions. Un corps qui comportait l'intelligence fabricatrice avec, autour d'elle, une frange d'intuition, était ce que la nature avait pu faire de plus complet. Tel était le corps humain. Là s'arrêtait l'évolution de la vie. Mais voici que l'intelligence, haussant la fabrication de ses instruments à un degré de complication et de perfection que la nature (si inapte à la construction mécanique) n'avait même pas prévu, déversant dans ces machines des réserves d'énergie auxquelles la nature (si ignorante d'économie) n'avait même pas pensé, nous a dotés de puissances à côté desquelles celle de notre corps compte à peine : elles seront illimitées, quand la science saura libérer la force que représente, condensée, la moindre parcelle de matière pondérable. L'obstacle matériel est presque tombé. Demain la voie sera libre, dans la direction même du souffle qui avait conduit la vie au point où elle avait dû s'arrêter. Vienne alors l'appel du héros : nous ne le suivrons pas tous, mais tous nous sentirons que nous devrions le faire, et nous connaîtrons le chemin, que nous élargirons si nous y passons. Du même coup s'éclaircira pour toute la philosophie le mystère de l'obligation suprême : un voyage avait été commencé, il avait fallu l'interrompre ; en reprenant sa route, on ne fait que vouloir encore ce que l'on voulait déjà. C'est toujours l'arrêt qui demande une explication, et non pas le mouvement."
BERGSON, Henri, Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, Puf, 2008. Ch. IV. p. 332-333.
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