Genki Dama ! (premiers pas vers l'otakisme)
Genki Dama !
(premiers pas vers l'otakisme)
Fortement imprégné par l'atmosphère nostalgique qui règne depuis peu sur la blogosphère (enfin, sur Blogchan et Aggregator Sama en tout cas), suite à l'excellent article d'Amo sur les premières fois d'un Otaku, j'ai moi-même vu resurgir, dans ma petite tête de blogueur fou, de nombreux souvenirs d'enfance liés à l'univers de l'animation japonaise. Dès lors, mon ego surdimensionné aidant, je ne peux m'empêcher de ressentir l'inexplicable besoin de partager ces inintéressants flashbacks avec d'autres passionnés d'animation, dans l'espoir farfelu de voir ma propre expérience faire écho avec la leur. Pourquoi ? Je suppose que c'est ce que l'on appelle un naturel besoin de communication.
Le premier souvenir que j'aimerais évoquer ici, remonte à ma plus tendre enfance. Il s'agit des mes nombreuses batailles dantesques, que dis-je, de mes incommensurables affrontements titanesques, avec mon ennemi juré, le plus vil et odieux représentant de la plus maléfique et oppressante des tyrannies que l'on puisse subir. Pour être plus clair, je veux parler des mes fréquentes bagarres de piscine, avec mon bourrin de grand frère.
Voici l'arène finale du tournoi mondial d'arts martiaux aquatiques, un rêve inatteignable pour la plupart d'entre nous (et surtout pour moi).
En quoi de simples disputes fraternelles dans une banale piscine, ont un rapport avec les mangas ou la japanimation ? J'ose croire que certains le savent déjà (et si c'est le cas, laissez moi un commentaire d'approbation s'il vous plait : j'aurais moins honte), et pour les autres, le meilleur moyen de vous répondre passe par la narration de l'un de ces impitoyables combats sans morale et sans merci :
Du haut de mes 6 ou 7 ans, je pateauge gaiement dans une eau calme et limpide, inconscient du terrible danger qui me guette. Une ombre rôde dans cet havre de paix, un serpent se glisse lentement sous les nuages de mon insouciant paradis, un démon approche. Mon spider-sens m'interpelle alors subitement, mais il est trop tard : une masse informe surgit violemment des vagues et me saute à la gorge ! Attrapant mes cheveux avec une force terrifiante, la bête enfonce ma tête sous l'eau, dans les profondeurs abyssales de son royaume déchu. Je me débats tant bien que mal mais rien n'y fait, le monstre est en train de me vaincre. Désespéré, je cesse de lutter et abandonne mon maigre corps à ses instincts sadiques et sanguinaires. C'est à ce moment là qu'il lâche son étreinte : son désir n'a jamais été de me détruire, seulement de me prouver son évidente supériorité. Pauvre fou ! Je t'aurais donné ma vie sans sourciller, mais en t'attaquant à l'inattaquable, en essayant de bafouer mon honneur, tu viens d'atteindre un point de non retour. Même si je ne maîtrise pas encore parfaitement cette nouvelle technique, je dois l'utiliser. Je n'ai plus le choix, tu ne me l'as pas laissé. Je me remémore une dernière fois les mouvements que j'ai maintes et maintes fois répétés devant mon écran de télé, les muscles de mes bras se tendent, ma respiration se coupe, tout mon corps bouillonne d'une énergie dévastatrice... Kamehamehaaaaaaaaaaaaa !
"Vengeance !"
C'est un véritable geyser, une tornade surpuissante, qui s'abat alors sur mon adversaire. Profitant de l'effet de surprise, j'enchaîne directement sur ma seconde attaque la plus forte : Par les Météores de Pégase !
"Ultimate Combo !"
Une pluie battante de gouttes, dures comme de l'acier, est projetée en direction du visage blafard de mon tortionnaire. Ne voulant lui laisser aucun répit, aucune chance de survie, je continue de l'asperger sous un flot ininterrompu de salves meurtrières. Il ne riposte pas. Serais-je en train... de gagner ? Non, c'est impossible, pas si facilement. Que ferais-je à sa place ? Aveuglé par les météores de Pégase, la seule solution serait... aveugle... mais oui ! Au moment même où je découvre le plan diabolique de l'infâme sournois qui me sert de frère, celui-ci se referme sur moi comme une souricière écrasant mon crâne et ma bouche pleine de fromage, ne m'offrant guère le temps de réagir de quelque manière que ce soit. Je ne peux que subir, abasourdi, son imparable Colère du Dragon !
L'attaque de piscine par excellence.
Je suis emporté dans un tourbillon sans fin. Submergé par un torrent de haine et de fureur. J'ai réveillé le diable des mers et plus rien ne pourra l'arrêter maintenant. Je tente alors de fuir en nageant maladroitement vers la petite échelle du bord. Pauvre naïf, crois-tu que le maître des océans va te laisser s'échapper de la sorte ? Mon frère se précipite et atteint l'échelle avant moi, me repoussant par la même occasion dans l'eau, grâce à un rapide coup de pied en pleine tête (vive la famille). Il grimpe sur le rebord et, de toute sa hauteur, me lance un regard hautain et inquiétant, digne d'un véritable tueur en série. Il va le faire, la technique interdite : la BOMBE ! Non, vous ne rêvez pas, malgré toutes ces attaques aquatiques aux noms super classes tirés de nos dessins animés japonais préférés (ceux de l'époque du Club Dorothée), la plus spectaculaire et dangereuse d'entre elles restait, et reste encore, notre bonne vieille grosse BOMBE à la française. Mais c'est en cet instant précis, sur un détail a priori anodin, que mon frère et moi-même sommes définitivement tombés dans une dimension parallèle, différente de celles des autres enfants : alors que la raison et l'habitude auraient voulu que, dépassant nos récentes fascinations pour de quelconques séries télé, notre technique ancestrale de la BOMBE conserve dans son exécution le rituel qui lui était propre (à savoir, juste courir et sauter dans un hurlement inintellegible), dernier bastion de notre indépendance culturelle, mon frère leva d'abord les bras en l'air, sans dire un mot, dans une expression sérieuse et concentrée, avant de se jeter en boule dans la piscine de nos grands-parents. Une explosion hallucinante fit alors place à un silence admiratif de notre part et, nous regardant dans les yeux avec émerveillement, nos deux voix se mêlèrent dans un seul et unique cri triomphant : Genki Dama !
"Genki Damaaaaaa !"
Une barrière venait de tomber : à partir de ce jour nous vivrons à tout jamais dans un univers culturel métissé. Aux films américains et aux bandes dessinées franco-belges, les mangas japonais et leurs animés venaient de se rajouter, finissant de fondre l'ensemble dans un tout indissociable et difficilement identifiable. C'est pourquoi aujourd'hui, lorsque je rédige des articles sur mon modeste Blog d'Etude de la Culture Visuelle Moderne, je ne me sens pas comme un gamin simplement intrigué ou même captivé par ce lointain Pays du Soleil Levant, et je n'ai pas non plus l'impression de fuir ma propre culture pour m'intéresser arbitrairement à celle d'un archipel situé à l'autre bout du monde. Je suis, au contraire, dans une attitude parfaitement logique au vu de mes diverses expériences personnelles. Pour moi, toutes ses cultures se sont mélangées au point de n'en faire plus qu'une : ma culture.
"J'appelle la puissance de tous les otakus de l'univers !"
"Oh oui Sangoku, prends notre puissance !"
Articles (plus ou moins) en rapport avec celui-ci :